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Entretien avec Pierre Drui, Directeur Régional Europe de l'Ouest chez Columbia Sportswear

  • Mathilde Levy
  • 31 oct. 2022
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 nov. 2022



Pouvez-vous vous présenter ?


J’ai fait à l’époque le DESS, qui est l’équivalent d’un master maintenant, qui s’intitulait Marketing et Gestion du Sport (NDLR : Master Marketing du Sport aujourd’hui) et suite à ces études, j’ai eu un stage chez Columbia Sportswear à Strasbourg et depuis, je suis toujours là-bas. J’ai commencé en tant qu’Assistant Chef de Produit Chaussures, puis j’ai fait du marketing. Je me suis aussi déplacé géographiquement en partant de Strasbourg pour Genève en 2006 durant l’ouverture du siège pour rejoindre l’équipe textile en tant que Chef de Produit Textile.


Ensuite, j’ai passé 3 ans aux Etats-Unis au sein de la maison mère pour représenter les besoins produits de la zone Europe au moment de l’internationalisation de la marque.

Puis je suis revenu en Europe pour prendre la direction de la cellule Textile en France et depuis 2015, j’ai basculé sur des fonctions commerciales. Maintenant je suis en charge de la région Europe de l’Ouest pour les marques Columbia et Sorel.


Aujourd’hui quelles sont vos missions par rapport à ce poste ?


Ma mission n°1 est de développer le business sur ma marque, j’ai aussi la responsabilité de définir la stratégie pour y arriver et orchestrer le travail en équipe avec une vingtaine de collaborateurs. Ma responsabilité d’un point de vue stratégique est de définir les grands axes et les remonter à ma direction pour que ce soit pris en compte. Étant une entreprise cotée en bourse, on a une obligation de transparence sur les résultats mais aussi sur la vision que l’on a pour les années à venir. On a donc un processus durant lequel chaque région du monde remonte ses ambitions et sa vision du marché, comment on va y arriver et quels sont nos besoins pour y arriver.


Ça c’est le travail en amont, je fais aussi du « reporting », c’est-à-dire présenter les résultats trimestriels et donner des explications pour ma région. Il y a également tout le travail avec nos partenaires stratégiques pour définir des feuilles de route pour nos partenariats, s’accorder sur nos conditions commerciales et donner le support aux équipes pour qu’ils puissent dérouler la stratégie et exécuter.


Est-ce qu’il faut passer par le terrain avec des postes comme commercial selon vous pour accéder et réussir en marketing ?


Il n’y a pas de formules magiques, de trajectoire parfaite. Ma trajectoire a été d’apprendre sur le tas comme on dit. C’est à nous de dessiner notre parcours, de faire de notre mieux pour être disponible, pour apprendre, pour montrer que l’on a envie. C’est aussi une question d’opportunités, il y a ce fameux « au bon endroit, au bon moment » qui participe aussi. C’est le coup de chance, mais comme tout le monde le dit, la chance, ça se provoque. Il y a peu de chance par contre que tu aies une opportunité si tu n’as pas fait le maximum pour y arriver. Évidemment avoir le cursus et un socle de connaissances fait la différence par rapport aux autres profils avec lesquels vous êtes en concurrence.


Je n’aurai pas été capable de te dire "je veux être là où j’en suis aujourd’hui". Après, tu saisis aussi des opportunités entre ce qui t’es proposé et ce que tu préfères.

Il faut être très humble, dans le sens où quand on sort des études, on a quand même assez peu de connaissances du milieu professionnel. L’apprentissage est continu, à travers des formations offertes par l’entreprise par exemple. Il faut continuer d’apprendre pour continuer à évoluer et avoir des opportunités.


Ma passion a toujours été les sports de glisse. Je voulais au départ devenir prof de sport notamment de snowboard pendant les vacances et en organisant des évènements, j’ai été en contact avec des marques dans des partenariats et ce milieu-là m’a plu. J’ai compris que j’étais plus intéressé par le milieu privé que par l’enseignement. Mon approche était d’intégrer une de ces entreprises et de voir ensuite comment je pourrais évoluer sans me fixer sur un poste en particulier. J’ai eu la chance de faire plusieurs choses, du marketing, du commercial et j’aime évoluer comme ça.


Il y a plusieurs écoles, il y en a qui sont convaincus et ont la volonté de faire quelque chose, qui ont une vraie passion et eux, je les encourage à aller à 100% vers ce à quoi ils tendent. C’est aussi une question de personnalité, personnellement, je n’avais pas spécifiquement une envie en termes de métier. C’est aussi pour la simple et bonne raison qu’il y a la vision que tu en as du métier quand tu n’es pas dans l’entreprise, tu comprends les choses une fois que tu es sur le poste. Il n’y a pas de mauvaises approches, par contre, il y a un socle qui est évident et indispensable : de beaucoup travailler et donner un maximum pour y arriver.


Quels sont vos objectifs/buts professionnels ?


Ça fait 3 ans que je suis sur ce poste donc j’ai la volonté de continuer à bien le faire, à mieux le faire, à structurer les équipes par rapport à l’évolution du business et évidemment, je reste ouvert à toute évolution. Après, par rapport à ma situation, il n’y a pas non plus 45 portes d’évolution dans l’entreprise dans laquelle je suis.


Comment voyez-vous l’évolution du marché sportif ?


On a la chance d’être dans une industrie porteuse. Il y a eu beaucoup de changements ces dernières années, d’accélération de tendances sur des phénomènes déjà en cours avec la crise du Covid notamment.

Le sport est ressorti grandi de ça, le bien-être, prendre du temps pour soi. Le sport Outdoor notamment en a bénéficié avec la distanciation sociale, mais ça rejoint aussi une évolution des valeurs environnementales avec une plus grande sensibilité à la crise climatique. C’est une prise de conscience générale où le sport va occuper une place prépondérante.

Le marché du sport est plutôt dans une bonne position même si des tensions économiques émergent suite notamment à la guerre en Europe de l’Est. Or, on sait que les premiers budgets des ménages à être réduits sont les non-essentiels, dont les loisirs.

Mais le marché du sport est amené à grandir, comme le démontrent les résultats des équipementiers et acteurs de la distribution, qui sont généralement à des niveaux plus élevés qu’avant Covid. La majorité de l’industrie a une croissance à deux chiffres, ce qui est phénoménal et confirme cette tendance.

Les gros deviennent plus gros, c’est une vraie tendance de fond que ce soit chez les marques ou les distributeurs. Il y a une consolidation du marché qui est à l’œuvre depuis longtemps et ça se polarise. Les grandes marques rachètent les petits et les distributeurs ont tendance à travailler avec un nombre plus limité de clients, mais de faire mieux avec les bons clients selon l’approche du « bon produit, au bon consommateur, au bon moment ».

Il y a aussi le mouvement de digitalisation, avec le « tout digital » durant la période du Covid et maintenant, ça se rééquilibre. On est donc maintenant dans l’omnicanalité, la capacité d’avoir différents moyens de contact avec le consommateur (magasin physique, site e-commerce, réseaux sociaux, etc.). C’est un mouvement qui se renforce fortement.


Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le Master Marketing du Sport ? Avec du recul, que vous a apporté cette formation et les personnes que vous y avez rencontrées ?


J’ai effectué le master il y a 17 ans, mais j’en garde un souvenir très positif puisqu’il m’a en partie permis d’avancer. Je pense qu’il est important d’avoir la combinaison milieu professionnel et études. La diversité et le nombre d’intervenants dans la formation sont essentiels selon moi pour mieux appréhender les secteurs business, publics, etc. Il a aussi l’intérêt d’être dans un bassin d’emplois pour le sport intéressant (Columbia, Puma par exemple). J’en garde un très bon souvenir.


Avez-vous un conseil à donner aux étudiants qui aimeraient à l’avenir exercer votre métier ?


La première valeur reste le travail, il faut bosser, c’est la base de toute trajectoire. Il faut aussi s’épanouir dans ce que l’on fait même si ça reste du travail.

On peut parfois se questionner sur l’utilité de notre travail et c’est là qu’il faut se rattacher à la raison pour laquelle on fait les choses. Ma vision par rapport à ça, c’est de rendre le sport accessible à tous, de participer à un mouvement qui m’aide à mon propre épanouissement personnel.

Avoir la patience, ne pas baisser les bras quand on a un coup au moral parce que l’on n’a pas eu les réponses positives que l’on espérait. Il faut rester optimiste.


Merci à Pierre Drui d’avoir accepté de répondre à nos questions et de participer à cet échange.

 
 
 

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